L'aube de nos retrouvailles [Teika Masahito]

- Pardon?

- Vous m'avez très bien comprise Mlle Aiba. Aujourd'hui vous ne travaillez pas.

- Et en quel honneur?

Elle n'avait pas voulut être désagréable, mais sa supérieure la rendait vraiment dingue. La veille, Megumi lui avait demandé une journée de congé, qu'elle avait catégoriquement refusé, alors elle n'avait pas insisté. Mais voila maintenant que sa patronne lui interdisait carrément de mettre les pieds au sauna!!! Elle se força à sourire.

- Y a-t-il eu un problème avec un des clients que j'aurai eu cette semaine?

- Oh!! Non. D'ailleurs, c'est justement un de vos client qui m'a demandé gentiment de vous donner votre journée.

Que c'est gentil à lui. Si elle croisait le client en question, sur qu'elle lui dirait deux mots. Megumi détestait les gens qui plaidait en sa faveur. Elle ne s'était jamais fait aider par qui que se soit, à par une fois, et c'était un épisode de sa vie qu'elle aurait aimé oublier. Malheureusement pour elle, c'était trop tard. Les souvenirs affluèrent et il lui fallut faire des efforts incroyable pour rejeter de son esprit cet épisode pendant au moins quelques minutes.

- Puis-je avoir le nom de celui ou celle qui m'a permit d'avoir ce que j'ai ardemment souhaité hier?

La mine de se supérieure se renfrogna.

- Il m'a demandé de ne rien dire. Il m'a simplement sourit, ah...ce que ce sourire était craquant..., hum...pardon, il m'a aussi déclaré qu'il avait adoré sa journée avec vous.

Puis, comme si elle venait de se rendre compte de se qu'elle disait, ses yeux s'écarquillèrent.

- Une journée? Vous êtes restée avec lui une journée entière?!?

Ah. Ben maintenant elle savait qui était l'auteur de cette galanterie.

- Et bien, il avait de gros problèmes de dos, il m'a fallut pas mal de temps pour le détendre. De plus, il avait une compétition de natation dans quelques jours.

- Vous avez deviné qui était le gentleman qui vous a donné votre congé?

AH...Pauvre patronne, il y avait des jours où elle n'était pas très futée, mais il fallait lui pardonner, elle avait tellement à faire!!

- Si vous voyez Shuu...Mr. Ogawa, vous pourrez lui dire de ma part que je le remercie pour sa bonté d'âme.

Il comprendrait très bien que c'était ironique. On avait tout de même le droit à sa fierté, non? Sans rien dire d'autre, elle s'éloigna à grands pas et dévala les marches jusqu'au rez-de-chaussée. De là, elle partit sans but précis. Elle voyait des visages qui passaient devant elle et sourit à tous, même à ce qu'elle ne connaissaient pas. Bon, il fallait bien admettre que Shuuji avait était très conciliant. Elle se demandait juste comment il avait était au courant qu'elle souhaitait une journée pour se reposer. Elle ne chercha pas bien loin, trop plongée dans ses souvenirs pour se batailler avec des questions qui n'avaient pas lieu d'être. Elle arriva au jardin, et, remarquant qu'il n'y avait personne au Lac, se décida à aller méditer près de l'eau. Elle s'assit en tailleur, et sortit de son sac son carnet et son stylo fétiche. Lorsqu'elle avait toujours un coup de blues elle écrivait ce qu'elle ressentait.

Le fait que le jeune prétendant lui ai rendu service lui rappela le passé. Elle ouvrit son carnet et commença à écrire. Après quelques minutes, elle remarqua qu'elle avait écrit plus que d'habitude. D'ordinaire, il lui suffisait de quelques phrases pour résumer tout ce qu'elle voulait dire. A croire que cette histoire était beaucoup plus ancrée en elle qu'elle ne le pensait.
Elle lut à voix haute, pas trop cependant pour ne pas attirer l'attention, juste pour voir si ce qu'elle avait écrit avait un sens.


Elle referma son carnet et se frotta les tempes, en proie au vertige. Son ami, elle l'avait perdu, et par sa faute. Elle l'avait mérité après tout... Megumi releva la tête et regarda le soleil monter dans le ciel. Le vent dans les cheveux, elle scrutait l'horizon. Soudain, elle entendit un bruit à ses côtés, vers les buissons qui se trouvaient à sa droite. Il lui suffit juste de tourner son visage.
Les cheveux devant les yeux, elle avait du mal à voir qui se trouvait debout, mais elle distinguait très bien son regard. Où l'avait-elle déjà vu? Elle regarda son carnet, comme si il allait lui donner la réponse, et regarda de nouveau le jeune homme, qui ne cessait de la fixer. Elle porta la main à son visage et dégagea ses mèches qui lui gênaient la vue. Elle la fit retomber tout aussi vite.

- C'est un mirage, n'est-ce pas? Tu ne peux pas apparaitre dès que je pense à toi? Ce serait trop facile.

Elle continuait cependant d'espérer que cela fut vrai.

Megumi se sentait perdue, totalement dépassée par les événements. Son regard...Lorsqu'il l'avait regardé, elle avait perçut un malaise étrange. Il lui en voulait, et cela se voyait. Mais que pouvait-elle y faire? Tout ça était du passé. Ah...Si seulement elle avait moyen de retourner dans le passé, quitte à ne pas le rencontrer, elle aurait put préserver leur relation. Teika, son confident, son meilleur ami, enfin, il l'avait été, car depuis LE fameux jour, plus aucune nouvelle. Quoi de plus normal? Puis il parla. Bon sang comme sa voix lui avait manqué!! Mais ce qu'il lui dit lui fit l'effet une bombe qui explose en plein dans sa cible. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il avait bien visé.

Elle le vit partir, se retournant comme s'il se foutait carrément de se qu'il venait de voir. Ou d'entendre. Mince!!! Avait-il entendu les phrases qu'elle avait écrites et qu'elle avait répété tout haut? Megumi...non, vraiment, tu fais gaffe sur gaffe avec lui. Elle secoua la tête de sa propre bêtise. Puis elle analysa les paroles de Teika. Comment pouvait-il croire une seule seconde qu'elle ferait comme si ça ne s'était pas passé? Pour qui la prenait-il? La colère mélangeait à l'amertume monta, puissante. Elle se releva d'un bond, comme poussée par une soudaine pulsion; et se mit à lui courir après.

- Stop!! Arrête-toi!!! Je crois qu'on devrait parler!!!

Mais il continuait toujours de l'ignorer. Il marchait nonchalamment, les mains dans les poches, tranquille. Était-elle la seule à souffrir? La rage commençait à l'envahir, comme le poison qui voyage dans le sang puis engourdi les sens. Les rendant un moment très précis, puis un autre très faibles. Ses pas redoublèrent et elle arriva enfin à sa hauteur. Elle le contourna et s'arrêta devant lui, lui barrant le passage. Il avait les yeux baissés, des mèches devant le visage.

- Eh! Si tu veux pas parler, à ton aise, alors ouvre bien tes esgourdes : Je comprends que tu m'en veuille à mort, ce qu'il s'est passé, je le regrette amèrement, mais ce n'est pas QUE de ma faute!! On aurait dû faire attention tout les deux...Je t'en prie, ne me laisse pas endosser tout ça toute seule.

Elle avait parlé avec conviction au début, débordant d'énergie, puis sa voix était devenu plus faible, presque inaudible. Elle avait souffert durant pas mal de temps, elle savait que lui aussi, de manière différente, certes, mais la douleur restait la même. Elle avait passé des journées entières à regarder la télévision pour savoir ce qu'il advenait de lui. Dès que les journalistes parlaient de lui, s'était pour dire que sa carrière devenait de plus en plus flou, et que les scandales qu'il accumulait allait mettre fin à son avenir pourtant prometteur.

Il leva enfin les yeux, et Megumi ne détourna pas le regard. Allait-il encore la rejeter? Même si s'était le cas, au moins elle avait put le revoir et lui dire tout ça. Elle se mordit néanmoins les lèvres, de manière trop craquante, même pour ce genre de situation.