Un soir et beaucoup d'alcool [PV >> Jiro]

Miyuki soupira devant son verre de vodka, le seul alcool qu'elle supportait. Elle observait tous les litres de bière que les jeunes, plus jeunes qu'elle, consommait. Rien que l'odeur la révulsait, elle détestait toujours autant ça. Elle but une autre gorgée de son verre et mordilla le contour du verre en laissant son nez humer la vodka, c'était toujours mieux que de sentir la bière. Il faisait incroyablement chaud dans la boite de nuit. La chaleur ambiante venait surement de la chaleur humaine, elle regarda tous les déchainés sur la piste de danse. Elle ne dansait presque jamais, elle préférait boire tranquille en écoutant de la bonne musique et elle aimait regarder danser les autres. C'était des fois assez tordant...Comme ceux qui avaient trop bu et qui s'écroulaient presque au milieu de la piste de danse. Miyuki était venue ici pour changer d'air, le palais ça allait bien cinq minutes mais là, elle faisait une overdose. Il y avait des règles pour tout, des règles qu'elle n'avait bien sur pas lu et elle s'était déjà fait chopée plusieurs fois.

Elle recommanda un verre, vodka pamplemousse cette fois. Si elle buvait encore pure la vodka, elle savait où elle finirait : dans le lit d'un homme qu'elle ne connaissait pas ou dans les toilettes en train de vomir ces tripes. Et l'un comme l'autre lui avait laissé des mauvais souvenirs. Elle préférait donc diluer la vodka en ajoutant des boissons sucrées, ce qui en fait, revenait à augmenter les degrés d'alcool. Quand Miyuki buvait trop, elle devenait un vrai pot de colle et elle draguait tout le monde, y compris les femmes. Ce qui ne lui avait pas toujours valut une très bonne réputation dans la boite de nuit à Tokyo où elle avait l'habitude d'aller. Un nouveau soupire. Elle fit claquer ses ongles sur le comptoir bondé mais où elle avait réussit à obtenir une place, qu'elle ne comptait pas quitter. Elle commanda un autre verre, elle avait vraiment une bonne descente en ce moment. Mais trois-quatre verres ne réussiraient pas à la mettre à plat...

Alors qu'elle allait porter le verre à ses lèvres, quelqu'un lui rentra dedans et fit partir le contenu du verre derrière le comptoir. Elle se retourna.

- Hé !

Elle regarda ensuite le barman avant de lui dire en hurlant avec la forte musique derrière eux. Elle posa son verre vide sur le bar.

- Un autre. C'est lui qui paie.

Elle avait désigné la personne qui l'avait bousculé : un jeune homme, surement plus vieux qu'elle, non peut être plus jeune, enfin elle savait pas trop.

Miyuki regarda la table que lui montrait le jeune homme. Pourquoi pas ? Elle fit descendre cul sec le verre de vodka et raisonnablement, histoire de pouvoir communiquer avec les gens sans obligatoirement les draguer ou bredouiller, elle commanda un cocktail qu'elle avait déjà bu mais dont le contenu lui était complètement inconnu. Un peu risqué quand même le "je bois mais je sais pas ce que je bois". Tant pi, elle avait besoin de décompresser. Elle regarda le jeune homme comme si c'était un peu la première fois qu'elle le voyait et l'étudia plus précisément pour qu'au final, un seul mot lui vienne à l'esprit : mignon ! Elle aimait bien son style vestimentaire mais le noir et le noir ensemble...voilà quoi...le noir n'était jamais le même. Cependant vu la lumière assez colorée avec les projecteurs elle ne pouvait pas vraiment juger. Pour sa part, elle avait opté pour une jupe noire qui s'arrêtait au dessus des genoux, des converses noires qu'elle avait achetés à Tokyo et un top à fines brettelles orange. Elle ne flashait pas trop dans la boite de nuit, au contraire, elle était même habillée un peu trop normalement par rapport à la chose féminine qui se déhanchait sur la piste de danse, on ne voyait qu'elle, elle était tellement...multicolore...Miyuki détestait.

Elle suivit le jeune homme jusqu'à la table avec tous ces amis. Devant tous, en criant légèrement pour qu'ils puissent entendre par dessus la musique, elle se présenta :

- Je m'appelle Miyuki Kayashima...

Elle regarda celui qui avait renversé son verre un peu plus tôt, attendant qu'il se présente et qu'il présente ses amis.

Miyuki s'installa et elle fit, comme toute fille qui s'assoit avec une jupe, elle croisa les jambes, cependant au bout de cinq secondes elle eut mal aux cuisses. Elle s'était toujours efforcé de prendre cette pose qu'elle trouvait mignonne mais au final, c'était toujours aussi impossible pour elle. De plus, c'était mauvais pour le dos. Elle se mit donc en tailleur sur le grand fauteuil qui entourait la table où était installé tous les amis de Jiro. Alors qu'elle examinait son cocktail, toujours en étant en train de se demander si elle allait boire ou pas, les discutions menait bon train et elle en commença une avec son voisin, Jiro, en répondant à ses questions.

- Non, je reviens de Tokyo, je n'ai pas l'habitude de cette ville...C'est la première fois que je viens ici, je ne savais même pas que ce bar existait.

Elle regarda une nouvelle fois son verre et regarda Jiro.

- Tu veux goûter ?

Elle prit son courage à deux mains et goûta avant de poser son verre devant lui. Ce n'était pas mauvais si on aimait tout ce qui était sucré ou du moins fruité. Il y avait une pointe de rhum mais c'était le seul alcool que Miyuki sentait tout en sachant que le goût de la précédente vodka devait un peu lui masquer les saveurs. Elle soupira et prit dans un immense ennui, elle se mit à observer Jiro avec un air éloquent. Et oui, c'était partit, Miyuki commençait à être bourré, son corps refusait le trop plein d'alcool, ce qui voulait dire qu'elle allait devenir une vrai allumeuse...bon ok...peut-être un peu moins que ça mais elle allait devenir une vrai machine à câlins et à bisous. Avec les quelques restes de lucidité, qu'il lui restait elle se redressa et essaya de combattre l'alcool. Combat perdu d'avance. Elle décida de se laisser aller, après tout, Jiro ne paraissait pas être quelqu'un de potentiellement mauvais. Perdue dans un flot d'alcool, elle s'accrocha à la chemise de Jiro tout en lui souriant.

- Câlin !!

L'esprit de Miyuki était complètement embrumé, elle leva la tête quand Jiro lui parla et ne répondit pas à sa question. Elle n'entendit que le rire moqueur ou du moins amusé devant le ridicule de la situation des gens autour de la table dont elle avait zappé le nom. Faire les choses dans l'ordre ? Miyuki comprenait ces mots mais elle était si fatiguée qu'elle ne voulait pas chercher à réellement comprendre ce que cela impliquait. Elle se releva et se raccrocha à la chemise de Jiro qui commençait visiblement à baliser. Elle s'assit sur ses genoux et le prit dans ses bras. Elle commença à s'endormir malgré tout le bruit qui s'effaçait peu à peu de ses oreilles, de son esprit.

- Câlins...

Elle fit claquer sa langue contre son palais près des oreilles de Jiro, se retourna, le lâchant momentanément pour boire du cocktail. Elle se leva ensuite et se dirigea vers la première personne qu'elle trouvait. En l'occurrence un grand gaillard qu'elle serra dans ses bras.

- Câlins...

Ça ne devenait pas vraiment contrôlable : quand elle buvait trop, Miyuki ne faisait pas seulement des câlins au gens qu'elle connaissait, non...elle en faisait à tout le monde. Elle partit des bras du premier gaillard et se retourna vers Jiro qu'elle arriva tout de même à reconnaitre.

- Jiro !

Elle ne le connaissait que depuis quinze minutes et déjà elle l'appelait par son prénom. Elle s'allongea sur la bout de banquette autour de la table et posa sa tête sur les genoux de Jiro tout en l'enserrant de ses bras et en jouant avec les boutons de sa chemise. Elle commença à chanter.

- Il y a trois ours dans une forêt, papa ours, maman ours et bébé ours...Papa ours est tout tout gros, maman ours est toute fine, bébé ours est tout tout mignon et c'est...et c'est tout...Jiro, chante avec moi !

[Aucune idée c'est bizarre cette couleur ! Tu t'es pas trompé entre le gras et le noir ?]

Jiro chanta avec elle, ce qui enjoua Miyuki, qui pendant qu'il parlait, commençait à s'endormir. Elle n'entendait déjà plus la musique environnante, elle comprenait difficilement les paroles du jeune homme en luttant contre le sommeil cependant c'est un jeu auquel on ne peut pas gagner : elle plongea dans les bras de Morphée, toujours en étant accrochée à la taille de Jiro. En peu de temps, elle se mit à rêver cependant ce n'était pas un rêve c'était un cauchemar peut-être dut au mélange entre lumières des projecteurs dans la salle et l'obscurité naturelle. Elle revoyait une nouvelle fois son père partir de leur maison, il poussait la porte de laquelle des couleurs en flot sortaient, elle se retournait et voyait sa mère assise dans l'obscurité. Aurait-elle dut partir avec son père ? Il le lui avait proposé mais encore un peu trop jeune, elle n'avait pas compris. Elle se réveilla en sursaut, lâcha Jiro et son dos buta contre la table. Elle regarda autour d'elle à présent complètement sombre. C'était toujours comme ça : elle buvait, elle était ivre, elle dormait, elle se réveillait et tout aller bien (si, si les gens comme ça existe !). Elle vit Jiro, rassuré par sa présence : un genre de "je connais quelqu'un, donc je ne suis pas perdue". Elle le regarda dans les yeux légèrement inquiète.

- J'ai bu beaucoup, n'est ce pas ? Est ce que j'ai fait quelque chose ?

Ce fut un amis de Jiro qui prit l'initiative de répondre aux questions de Miyuki.

- T'es une vrai machine à câlins, la miss ! Regarde par là-bas...

Elle fit ce qu'il lui disait et vit un homme plutôt grand se rendre compte de son regard et lui faire des signes, elle détourna le regard. Qu'est ce qu'elle avait fait ? Elle n'avait vraiment aucun souvenir de cet homme mais apparemment, lui, il la connaissait. Miyuki se retourna vers l'ami de Jiro, pour avoir distribuer des câlins, ça ne l'étonnait guère. Elle en avait quelques souvenirs très flous et elle préférait toujours demander à l'avance. Elle laissa tomber les autres et reporta son attention sur Jiro.

- Désolée si j'ai fait quelque chose de déplacer...

En l'occurrence, ce qui était déplacé c'était qu'elle soit restée accroché à Jiro et qu'elle n'en avait aucune conscience. De plus, en se réveillant, elle s'était rassit sur les genoux du jeune homme, qui devait sérieusement en avoir marre.

Miyuki avait été entrainée sans le vouloir sur la piste de danse mais elle avait sans problème compris le geste de Jiro avec ce qu'il lui avait murmuré. Sur la piste, elle essaya de se cacher de la vue du gaillard en dansant de personnes en personnes pour éviter de se faire remarquer cependant la technique ne dura qu'un temps. Elle croisa le regard de cet homme et elle comprit à son sourire ce qu'il voulait. Ses jambes commencèrent à trembler, tandis que la musique semblait résonner avec son cœur qu'elle ne pouvait calmer. Il arriva et la prit par le bars. Sur le coup, elle n'osa bouger mais elle se devait de faire quelque chose. Jiro le fit pour elle en la défendant. Quelque part, cela fit sourire Miyuki : il ressemblait à un chevalier venu pour sauver une demoiselle en détresse retenue par un monstre. De plus, il avait dit n'importe quoi : Jiro n'était pas un roux maigrichon. Bon c'est vrai qu'il était roux et que pour un japonais...ben...c'était pas courant mais il ne semblait pas si maigrichon que ça. Et puis comme on dit tout dans les muscles, rien dans la tête, ce qui devait être le cas du gars devant eux. Soudain Jiro s'empara encore de sa main et la traina à travers la foule de danseurs pour aller jusqu'à la sortie, il parla au videur qui arrêta l'importun. Miyuki remit de sa frayeur, fût légèrement déçue.

- Oui je vais bien, sir Knight...Et toi ?

Elle lui sourit : le moment du sauvetage malgré la peur lui avait donné une poussé d'adrénaline et elle ne regrettait pas sa venue dans cet endroit.

- On peut re-rentrer tu crois ?

Elle n'avait pas particulièrement envie de retomber sur le même gars mais ils n'allaient pas rester toute la Saint-Glinglin ici. C'était ennuyeux. Il lui était déjà arrivé de tomber sur des gars comme ça et elle avait appris à les repousser comme il le fallait : elle n'était pas championne d'art martial mais elle savait où frapper.

Si Miyuki avait eu peur ? Bien sûr, elle n'était pas insensible à ce qu'il se passait autour d'elle tout de même. D'un autre côté, on ne pouvait pas passé sa vie à craindre tout ce qui bouge. De plus, elle avait dut apprendre à vivre seule à Tokyô au début de ses études et cela avait été très dur. Elle avait toujours eu l'habitude d'être protégée par quelqu'un mais là elle avait dut se débrouiller seule. Elle s'était endurcie, et malgré qu'elle était encore très féminine, elle gardait un côté dur pour tout ceux qui pouvait venir chercher les ennuis.

Cependant être protégé par quelqu'un de temps en temps ne faisait pas de mal et Jiro avait très bien remplit ce rôle. A peine, entrèrent ils dans la boîte de nuit que Miyuki fut parcourue de frissons : elle avait laissé son pull léger près des amis de Jiro et le passage du chaud au froid et du froid au chaud n'avait pas été des plus doux. Elle attendit donc d'être près de la table occupée par ses amis pour repondre à la question de Jiro et à la remarque très...pertinante de ses amis.
S'amusant de l'illusion, elle se colla au jeune homme et lui murmura tout en faisant attention à ce que les autres entendent.

- Ne le prends pas comme ça. Ils sont juste très curieux...trop curieux.

Elle se tourna vers la petite troupe.

- Alors ce qui c'est passé c'est que nous étions dehors parce qu'on était "poursuivit" par un...

Miyuki ne trouvait pas le mot exact, comment dire un homme stupide, laid et plutôt baraqué.

- ...un ours.

Bizarrement cet homme lui avait donné l'impression d'un animal et l'ours était ce qui correspondait le plus : c'était mignon quand c'était petit mais ça s'arrêtait là. Elle fit un grand sourire à toute la compagnie.

- Mais heureusement, Jiro était là sinon j'aurais eu très peur...

Elle avait l'impression que son "récit" était assez enfantin mais elle s'en fichait : elle était une fille après tout et elle pouvait donc se permettre d'être une petite gamine capricieuse de temps en temps. A force de parler, elle avait presque snober la question de Jiro.

- Je préfère boire un...

Après réflexion...

- Va pour un jus de fruit. Avec toutes ces émotions je suis un peu fatigué.

Miyuki fit courir ses yeux dans toute la salle et fut soulagé de voir l'abruti de tout à l'heure partir. Elle mit un petit coup de coude à Jiro et lui indiqua de la tête la sortie. Elle soupira. Maintenant qu'il n'était plus là, elle allait pouvoir se détendre un peu plus. Un peu trop peut-être...elle sentit ses yeux se fermer. NON ! Elle ne devait pas dormir. De plus, ce n'était pas réellement de la fatigue, plus quelque chose comme un trop gros soulagement. Sa tête tomba un instant sur l'épaule de Jiro mais elle se releva aussitôt en se frottant les yeux. Elle n'allait pas vraiment se mettre à dormir tout de suite ? Si ?

[Le retour du noir ! Grrrrrrrrrrr ! ]

- Un jus de pommes, s'il te plait.

Autant retourner aux sources : le jus de fruit le plus basique du monde, le jus de pommes. A peine eut-elle le temps de voir partir Jiro vers le bar qu'il revint. Cependant ses amis eurent le temps de faire quelques commentaires avant qu'il ne revienne.

- Hé miss, si tu veux dormir, y'a aussi mon épaule !

Les personnes autour de la table n'étaient pas méchants ni dangereux mais Miyuki préférait tout de même la compagnie de Jrio à la leur.

- Non merci...

Ce qu'elle faisait dans la vie ? La première phrase qui vint à l'esprit de Miyuki fut : fleuriste. Sauf que c'était totalement faux : elle ne possédait rien, ni magasin, ni jardin où faire pousser des plantes. Du point de vue des diplômes par contre, elle pouvait se gratifier de ce statut. Cependant c'était tout de même un peu loin de la vérité : elle était domestique et une domestique complètement nulle et incapable. A part la composition florale, Miyuki ne se rappelait pas avoir fait quelque chose de bien dans sa vie, d'utile et elle n'avait jamais essayé de créer. Sa seule créativité reposant sur la forme des fleurs, en fait...elle ne réfléchissait pas trop : elle plaçait les fleurs un peu n'importe comment et elle sentait quand le bouquet était fini...une sorte d'instinct peut-être.

Dans tous les cas, son vrai travail ne lui plaisait pas du tout. L'intendante était super agressive et antipathique, sans parler du fait, qu'elle ne connaissait rien du protocole et qu'en plus, elle devait vivre dans le palais. L'endroit le plus horrible du monde selon elle : pas un seul instant de calme ! Miyuki n'était pas du genre posée mais même la boite de nuit lui semblait plus calme. Au palais, tout n'était qu'agitation !

- Je suis domestique au palais...

Le dégout se fit sentir dans sa voix. Elle n'allait pas cacher qu'elle détestait l'endroit où il lui fallait pourtant vivre. Elle but une gorgé du jus de fruits pour faire passer le goût amer qui s'était installé dans sa bouche. Elle aurait put retourner avec sa mère mais tout était trop compliqué et elle ne pouvait pas vivre avec elle : la voir dans un tel état. Un voile de tristesse obscurcit l'espace d'un instant le regard de Miyuki, qu'elle s'empressa de repousser.

- Et toi ?

Elle se grattait de plus en plus les yeux. Mentalement elle n'était pas fatiguée mais son corps lui réclamait un peu de répits. Elle reposa sa tête sur l'épaule de Jiro et ferma les yeux, le prévenant tout de même :

- Je ne dors pas, j'écoute mais je veux juste reposer mes yeux...

Miyuki répondit tout de suite sans pour autant ouvrir les yeux. Ils étaient vraiment trop fatigué. Jiro ne semblait pas être affecté par la fatigue, son habitude des sorties la nuit était vraiment visible. Peut-être que Miyuki était fatiguée par son travail et non par l'heure avancée, ni l'alcool. Quand elle était au palais, elle ressentait souvent un poids moral très lourd. Elle devait faire ci, faire ça et elle n'avait jamais eu l'habitude d'être aussi encadrée et forcée. Devait-elle vraiment porter cet horrible uniforme ?

- Non, je n'en ai pas. En ce moment, j'ai l'impression que tout tourne autour du palais...

Si elle avait eu le choix, et surtout l'argent, elle serait partir habiter ailleurs qu'au palais mais là, elle ne pouvait pas se permettre de penser à un appartement.

Quand elle était petite, elle ne se rappelait pas qu'il y avait eu une telle pression sur toute la ville. Aujourd'hui tout tournait autour de ça et donc pour elle, autour de son travail. C'était quelque part déprimant, elle ne pouvait même pas se divertir sans y penser ou que quelqu'un lui fasse penser à ça. D'ailleurs elle était encore en train de le faire : parler de son travail...

- Tu sais au palais les domestiques évitent de se montrer. La vie là bas est stressante pour moi et je n'ai pas besoin de me faire crier dessus en plus...Et donc, revenons en à toi, tu ne sais pas ce que tu veux faire ? C'est un peu bizarre...Puisque tu semble apprécier les boites de nuit, pourquoi tu n'essaye pas d'y travailler ?

Cela avait parut logique à Miyuki mais peut-être pas aussi logique pour Jiro. De plus, ça devait être stressant de ne pas savoir quoi faire de sa vie. Pour Miyuki, son futur métier avait toujours été une évidence jusqu'à ce qu'elle devienne une bonne. Il faudrait qu'elle demande à l'intendante s'il n'y avait pas une place de jardinier le plus rapidement possible sinon elle deviendrait folle.

Ses yeux ayant un peu repris, elle se releva et remarqua que tout les amis de Jiro étaient partis danser. Elle se sentit un peu coupable d'avoir obligé le jeune homme de rester avec elle.

- Tu veux aller danser avec eux ?

Danser ? Ouais pourquoi pas ? Mais Miyuki ne s'était pas tout à fait remise de sa trop grande dose d'alcool et bien qu'elle avait un peu dormi, elle avait un peu peur de la gravité. Il allait falloir qu'elle reste debout autant qu'elle le pouvait. D'un autre côté, Jiro avait vraiment l'air de vouloir aller danser et lui enlever ce plaisir faisait de la peine à Miyuki. En plus, c'était bien gentil de danser mais comment ils allaient faire pour se parler ? Sans compter que Jiro venait de dire quelque chose de très intéressant : il était déjà allé au palais ! En tant qu'invité bien sur. La question était de savoir en quel genre d'invités : s'il connaissait la famille impériale, des gens haut placés ou s'il avait déjà fouillé toutes les chambres du dortoir des domestiques. Au vue du physique de Jiro et de son caractère enjoué à tendance fêtard, Miyuki n'avait aucun mal à l'imaginer dans plusieurs chambres de certaines domestiques toujours aussi superficielles les unes que les autres et qui espéraient quelque part monter dans l'échelle sociale.
Miyuki refusait d'être l'une d'entre elles.

- Si ça ne te gène pas...je préfère rester assise. Je ne peux pas encore danser. Mais dans une heure, ça devrait aller. En plus, sur la piste de danse j'aurais du mal à te parler.

Une idée purement et simplement sexuelle s'installa dans l'esprit : elle pouvait lui parler avec son corps. Elle s'obligea à ne pas sourire mais elle n'y pouvait rien, les classiques restaient les classiques et bien que la phrase qui lui était passée par la tête était au plus haut niveau des choses ringardes et clichés à éviter de dire. Cependant Jiro paraissait tellement apprécier la piste de danse que Miyuki ne pouvait pas lui refuser d'aller y faire un tour lorsqu'elle irait mieux.

Elle repartit sur des pensées plus sérieuses et quelque part plus ennuyante : le travail. Elle ne comprenait pas où Jiro trouvait difficile de travailler dans l'endroit qu'il semblait le plus apprécier. De plus, quelqu'un qui était sur le terrain et non à la porte en tant que videur était peut-être plus utile. Les jeunes étaient assez intelligents pour cacher les bêtises qu'ils faisaient. Miyuki était parfois triste d'avoir quitter ce monde où on ne se soucie pas vraiment des conséquences. Parfois, elle se retrouvait bloqué par peur des conséquences.

- Je n'ai jamais voulu être domestique. J'ai déjà du mal à faire le ménage chez moi alors chez les autres...En fait, je suis fleuriste. Du moins j'ai fait des études pour. J'ai seulement besoin d'argent pour ouvrir ma propre boutique et le palais où je suis logée et nourrie est une place avantageuse. Mais d'ailleurs, si tu as des amis là-bas pourquoi tu n'y travaille pas ? Il y a bien quelque chose que tu sais faire...

Miyuki n'arrivait vraiment pas à imaginer Jiro enfermé dans le palais. Pour elle, il était quelqu'un de libre et être enfermé ne collait pas avec sa personnalité. En tout cas, c'était l'image qu'il donnait.

- Tu sauveras les jeunes domestiques en détresse ! Au lieu, de les aider dans la boite de nuit...