Et où qu'il est le petit seau d'eau ? [•Hideki]

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Quatorze heures. La demoiselle regarda à sa montre, fit une moue fatiguée et soupira. Aujourd'hui, elle n'avait rien à faire, un jour de congé, comme certains diraient, et ça l'énervait. Oui, ça l'énervait, de rien faire, de gambader dans les couloirs, d'attendre la fin de la journée pour dormir. Ou alors elle pouvait dormir maintenant. Oui, non, elle allait s'ennuyer la nuit sinon. Dilemme. Au milieu du corridor, Emi se mit à réfléchir. Disons, si elle allait lire un livre, ça lui prendrait une heure. Il serait alors quinze heures. Après, elle pourrait aller manger -tellement habituée à manger à des heures pas possible-, il serait alors seize heures. Après... Appeler Tsuki. Seize heures trente. Oui mais non. Plantée au milieu du chemin, des domestiques passèrent à côté de la demoiselle et la sortit de ses pensées.

Elle regarda par la fenêtre, et il faisait beau, ça donnait envie de sortir... Mais dehors, comme toujours, elle aurait rien à faire. Elle n'aimait pas sortir toute seule, la dernière fois, elle avait réussit à se faire poursuivre par un labrador enragé, parce que mademoiselle voulait lancer le bâton qu'il avait dans la gueule, et peut-être qu'elle visait mal, qu'importe, il s'était retrouvé sur un toit de maison. Enfin passons, rien qu'à cette pensée, Emi se mit à rire bêtement, seule. Je vous assure que la scène devait être très effrayante, de loin. Sentant des regards sur elle, elle se ressaisit, réajuste sa chemise blanche, se recoiffe machinalement et se mit à monter les escaliers, tapant fort de ses talons, créant une petite musique presque entraînante. Oui, Emi faisait toujours ça, et ça l'amusait comme pas possible. Ridicule !

Arrivée en haut, deux couloirs. Ploum ploum. Ce-se-ra-toi-que-je-pren-drais ! Gauche. Oui, elle déambulait, c'est bien le terme. Sans savoir où aller, rongée par l'ennui, non, que dis-je, bouffée par l'ennui. Elle aurait pu préparer sa prochaine rencontre avec la princesse, ou ranger ses affaires -madame est bordélique-, ou même aller manger. Mais non. Ca ne lui était même pas venu à l'esprit.

Une porte. C'était le salon, aller, pourquoi pas ? Emi rentra, puis vit qu'il n'y avait personne. Personne personne. C'était presque effrayant, tant la pièce était accueillante, elle l'assimila bien vite aux jeux vidéos où les jolies pièces renfermaient de gros méchants qu'il fallait tuer. Elle rigola, de nouveau, se trouvant cette fois bien stupide d'avoir ce genre de pensée, puis se laissa tomber sur un fauteuil. Elle fixa la table, les fleurs. Les fleurs. Les fleurs ! Elles étaient siiii jolies. Emi chercha autour d'elle. Chercha quoi ? Quelque chose qu'il n'y avait pas dans la pièce. Elle sortit, courrut dans une autre pièce, puis revint avec un seau d'eau à la main.

Doucement, elle en versa un petit peu sur les pots de fleurs, presque amusée, mais bientôt absorbée par ce qu'elle faisait. Oui oui, absorbée. Elle n'avait rien d'autre à faire, il fallait avouer, et la moindre occupation la passionnait. Glander ? Très peu pour elle. Et même si les fleurs étaient déjà arrosées -qu'est-ce qu'elle en savait de toutes façons-, elle n'y allait pas de main morte. Ah. La porte. Clic.

" AAAAAAH NAN ! "

Splash. Emi avait gentiment jeté le seau d'eau vers l'origine du bruit, par conséquent la porte. Seau plein d'eau, à noter. Et oui. Oui oui. Cachée derrière ses mains, honteuse, gênée, la demoiselle murmura un " C'est pas moi. " avant d'écarter ses doigts pour voir le visage de la malheureuse victime.

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RAH ! Encore une longue journée en perspective… Être chef cuisinier n’était pas de tout repos, vraiment ! Enfin, Hideki n’allait pas se plaindre d’avoir obtenu ce poste, mais… Qu’est-ce que c’était épuisant ! J’imagine que vous ne connaissez pas son emploi du temps, ne ?! Alors voilà un petit aperçu de ses journées :
Debout à 6h00 du matin, il devait filer en cuisine dès qu’il était prêt, afin de préparer le petit déjeuner impérial. Et quel petit déjeuner ! Ce n’était pas un simple petit repas qu’il devait confectionner, hein ! Je vous rappelle qu’il devait le préparer pour tout le palais. C’est-à-dire pour l’Empereur, la Princesse Aiko, le G4, etc. Il y avait un sacré petit monde à nourrir là-dedans ! x.x C’était donc un gros travail pour le jeune Hideki.
En plus des grandes quantités, il fallait une grande diversité. Eh bien, oui, il n’allait tout de même pas servir la même chose à l’Empereur à chaque petit déjeuner ! Depuis les quelques temps qu’il était au Palais, le jeune cuisinier savait maintenant ce que son Patron aimait. Tant mieux, c’était plus pratique ainsi.
Certains habitants prenaient leur petit déjeuner tardivement. Ce n’était donc qu’aux alentours de 10h30 qu’il pouvait commencer à préparer le déjeuner. Bref, pour ce repas, tout ce passait de la même façon que pour le petit déjeuner. Idem pour le soir. Sauf que pour ce grand repas, Hideki avait tout son temps. Il avait tellement de temps qu’en fait, il pouvait se permettre de prendre une pause l’après-midi. Bon, en même temps, s’il travaillait sans s’arrêter, il deviendrait fou.

Ce jour-là, la matinée s’était déroulée sans encombres. o.o Pourquoi vous pensiez qu’il y aurait des problèmes ? Hideki était un professionnel, il n’y avait jamais aucun problème ! è.é
Bref, midi était passé lui aussi. Le jeune homme avait donc tout son temps pour préparer le repas du soir. En résumé, il avait décidé de se prendre une petite pause. Sauf qu’il n’avait pas la moindre idée de quoi faire.
C’était souvent le cas en fait, dès qu’il ne travaillait plus, il ne savait jamais comment s’occuper. C’était vraiment dramatique ça ! En dehors de son travail, il n’avait aucune vie ! x.x Ouh la, ça faisait peur ça. En même temps, la cuisine, c’était sa vie. Mouais, ce n’était pas une excuse !

Il était donc en train d’errer dans le palais. Errer… C’était le mot. Comme un fantôme en fait. Un fantôme qui ne pourrait pas aller dans le monde des morts, qui serait condamné à rester éternellement dans le monde des vivants. … Oubliez cette comparaison, elle n’a aucune raison d’être. Elle n’est en aucun cas ressemblante avec Hideki ! o.o
Enfin, il marchait dans les couloirs, à la recherche de quelque chose à faire. Il passa devant les salons du Palais. En fait, maintenant qu’il y pensait, il n’avait jamais été farfouiller dans les pièces de sa nouvelle demeure ! … Et c’était une très bonne chose ! Il n’était pas payé pour aller fouiller le Palais ! è.é Ses patrons avaient confiance en lui, il ne devait pas faire de bêtises. … Mais en même temps, c’était si tentant. Il jeta un coup d’œil à droit et à gauche. Personne. Il colla son oreille contre la porte la plus proche. Elle semblait être vide. Semblait, en effet. Mais ce n’était pas le cas. Et ça, Hideki ne le sut qu’après avoir ouvert la porte.

Et vlan ! Un seau d’eau en plein dans la tronche ! o.o Dispositif de sécurité pour ne pas que les gens entrent dans les salons quand ils n’en ont pas le droit ? Non. Jeune fille se cachant derrière l’arme du crime.
« AAAAAAH NAN ! » Avant de se recevoir toute l’eau, Hideki avait entendu ces paroles. Hm. Ca n’expliquait pas tout, ça. Puis elle avait murmuré un petit « C’est pas moi. » Ah. C’était qui alors ? Le pape peut-être. Ou la mère Michelle qui a perdu son chat.

_C’est pas grave, mais…

Hideki s’approcha de la jeune fille en souriant. Elle avait l’air vraiment gênée. … Pour une fois que ce n’était pas lui ! Il avait parlé d’un coup, sans réfléchir. Waouh. Il faisait des progrès le petit ! Ses longues discutions avec Kumi et les autres domestiques devaient y être pour quelque chose. Si ça continuait comme ça, sa timidité disparaîtrait complètement ! Yeah.

_Ca t’arrive souvent de balancer des seaux d’eau sur les gens ?

Désolé pour le retard uu'

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On lui avait toujours dit. Emi, voyons, ne sois pas aussi stressée. Emi, voyons, décompresse. Emi, voyons, il est interdit de tremper les gens quand ils rentrent quelque part. Quoique non ce dernier point n'a jamais eu lieu, mais sonnait tellement comme une évidence que la demoiselle se pensait dans de beaux draps. Prenons deux secondes de réflexion, elle a 25% de chance de tomber sur une personne très posée, calme, et qui préférera oublier cet incident et repartira sans rien dire; elle a 25% de chance de tomber sur un petit plaisantin qui s'en amusera grandement et qui éclatera de rire; elle a 25% de chance de tomber sur une personne susceptible qui se mettra à lui sauter dessus pour l'étrangler (Oui, bon !); elle a 25% de chance de tomber sur un psychopathe hydrophobe qui se mettrait à courir partout en gueulant. Disons pour ce dernier, 1%. Puis aller, 24% de chance de tomber sur un vieux qu'elle aurait tué sur le coup.

Rien de tout ça, apparemment. Elle entendit une voix masculine lui parler. Voix plutôt sérieuse, voire presque posée, calme, infaillible. Ce n'est donc ni un plaisantin, ni un vieux, ni un psychopathe, ni un fou furieux. Quoique, au final, les paroles prononcées n'étaient en rien dans ses statistiques, et en retirant ses mains de son visage, Emi laissa échapper un " Et zut, loupé ! " pestant contre ses calculs foireux. Oui à vrai dire, elle avait toujours l'esprit très mathématique et aimait prévoir des choses, et jubiler intérieurement lorsqu'elles s'avéraient exactes. Jeu stupide qu'elle s'était faite au fil de son travail, deviner que la princesse fera trois erreurs au cours de cette heure, ou plutôt cinq, si on compte également les erreurs de comportement et de langage; ou... Enfin bref, peu importe, ce n'est pas important pour le moment.

Bref revenons à nos moutons. Emi regarda la victime trempée, ne prit même pas la peine de répondre à sa question, ni même à la saluer, ni même s'excuser, prit deux secondes de réflexion -oui, encore- et sortit d'un ton fier :

" Vous êtes Hideki Tagaya, cuisinier au palais, le chef même, si je puis dire. Aaaaah vous faites des pâtisseries ? Hein ? Hein ? Parce que la dernière fois, j'ai mangé une pâtisserie suuuuuuuucculente, j'en redemanderais cinquante si je pouvais. Sauf que, malheureusement, il y en avait plus. C'était, un petit gâteau au chocolat, avec... "

Elle stoppa net. Jeta de nouveau un coup d'oeil vers le jeune homme et le vit trempé. Pourquoi était-il mouillé ? Il allait salir tout le palais comme ça ! Aaah pauvres domestiques, c'était à cause d'idiots comme lui qu'elles avaient du travail. Euh. Attendez. Ni une ni deux, le temps que les dernières secondes revinrent dans l'esprit de la demoiselle, Emi fit une petite courbette, le visage gêné.

" Veuillez excuser mon impolitesse, monsieur Tagaya, et veuillez également m'excuser pour... L'eau. "

D'ailleurs, comment connaissait-elle son nom ? Eh bien dans les moments d'ennuis, elle prenait des dossiers sur le personnel et les retenait. C'était autant utile pour son travail que pour sa curiosité personnelle, ahahaha. Aha. Arhem. Quoiqu'il en soit, elle ne connaissait pas grand chose de lui. Attendez qu'elle s'en rappelle. Oui donc, Hideki Tagaya, chef cuisinier, 24 ou 25 ans. Aaah Emi, quelle impolitesse, lui ne te connaissait pas. Toujours baissée dans sa courbette, elle se présenta.

" Emi Hosokawa, je me charge de former mademoiselle Masahito; ravie de vous rencontrer. J'aurai espéré que cela soit dans d'autres circonstances. "

Trop de politesse tue la politesse, chassez le naturel et il revient au galop. Elle se redressa, souriante, quoique un sourire un peu gêné. C'était sûrement la première fois qu'elle se retrouvait dans ce genre de situation -et heureusement que c'est la première fois- et ne savait pas vraiment comment réagir. Quand on l'avait éduquée, c'était long, et tout était traité. Sauf qu'il n'y avait aucun chapitre sur "Comment réagir lorsqu'on jette par inadvertence un seau d'eau", et Emi se sentait presque démunie. Elle se rendit compte qu'elle était vraiment dictée par son éducation, et se mit encore à pester intérieurement, mais trouva cela également amusant. Elle se retint de rigoler bêtement.

Pas de quoi ^^

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